La GRC dans le Nord

La GRC sert avec fierté les collectivités dans le Nord canadien depuis la fin du 19e siècle. Souvent la seule présence du gouvernement dans ce territoire de l'Amérique du Nord au rude climat nordique, elle a façonné le Nord et continue de le faire aujourd'hui.

La PCN-O établit l'autorité canadienne au Yukon

Avant 1886, on ne sait pas grand-chose de cette partie du Nord canadien qui deviendra le Yukon. La découverte d'or grossier dans la rivière Forty Mile donne lieu à la première ruée vers l'or dans la région. Un poste de traite établi à l'embouchure de la rivière Forty Mile en 1887 devient la première ville de la ruée vers l'or à être fondée dans ce territoire. En 1889, des baleiniers de l'Alaska commencent déjà à établir une base d'hiver sur l'île Herschel, en eaux canadiennes. Le gouvernement canadien souhaite donc s'assurer que ce district demeure canadien et empêcher qu'il soit annexé aux États-Unis.

Fondation de Fort Constantine

En 1894, deux membres de la Police à cheval du Nord-Ouest (PCN-O), l'insp. Charles Constantine et le s.é.-m. Charles Brown, sont envoyés au Yukon pour évaluer la situation. L'insp. Constantine recommande l'établissement d'un détachement important dans la région pour y maintenir la paix. En 1895, 19 hommes sont envoyés au Yukon pour y fonder Fort Constantine, le premier fort de la PCN-O dans ce territoire.

Ruée vers l'or

La situation change à l'été 1896. La découverte d'un riche filon d'or dans le ruisseau Rabbit marque le début de la véritable ruée vers l'or. Des dizaines de milliers de chercheurs d'or arrivent au Yukon dans les deux années qui suivent. La présence de la PCN-O dans la région augmente donc de façon importante au cours de la même période. Fort Herchmer est fondé à Dawson City en 1897. En 1898, le Yukon compte deux divisions (H et B), 31 détachements, 285 membres et 200 soldats dans la Troupe de campagne du Yukon pour prêter main-forte aux prospecteurs et régler les problèmes entraînés par l'arrivée aussi soudaine de personnes et l'absence de commodités.

Le col Chilkoot

Des détachements de la PCN-O sont établis aux sommets des cols White et Chilkoot, le long de la frontière de l'Alaska à l'hiver 1897-1898. Cette présence vise à empêcher que la criminalité qui sévit du côté américain ne franchisse la frontière canadienne. Les membres de ces détachements, créés dans des conditions hivernales difficiles au sommet d'une montagne, ont pour rôle de recueillir les droits de douane et d'aider les personnes à s'adapter aux dures réalités du Yukon. Bon nombre de personnes qui espèrent faire fortune en trouvant de l'or ne sont pas tout prêtes à affronter le froid et le manque de nourriture dans la région.

Arrivée de Sam Steele dans le Nord

Sam Steele, l'un des membres originaux de la PCN-O à avoir pris part à la Marche vers l'Ouest (1874), arrive au Yukon en février 1898 pour assurer le commandement du district. Au début des années 1880, Steele dirige un détachement mobile qui maintient l'ordre pendant la construction de la nouvelle voie ferroviaire nationale dans les Prairies et les Rocheuses. À son arrivée au Yukon, il assume les fonctions de policier et de magistrat auprès de milliers de personnes affluant dans la région pendant la ruée vers l'or. Il y joue aussi un rôle essentiel dans le maintien de l'ordre. Construite sur deux corridors de transport et dotée d'un port actif, la ville de Dawson est un centre important pour le transport d'hommes et de biens vers les champs aurifères du Klondike. Même s'il s'agit d'une ville mouvementée et bruyante, on y est tout de même en sécurité grâce au travail efficace de la PCN-O.

Sur les rives de l'Arctique

Active au Yukon, la PCN-O étend à la même époque sa présence au nord vers le cercle arctique. Des patrouilles sont effectuées jusqu'à York Factory en 1890 et à Fort Resolution sur le Grand lac des Esclaves en 1897, mais ce n'est qu'en 1903 que la Gendarmerie devient très active dans la région. Cette année-là, un conflit concernant la frontière de l'Alaska est réglé en faveur des Américains, ce qui donne lieu à une augmentation des activités d'exploration dans l'Arctique. Des détachements sont établis à l'île Herschel et à Fullerton en 1903, et en 1919, tout l'Arctique relève de la compétence canadienne. On y trouve 25 détachements et plus de 70 policiers.

Patrouilles en traîneau

Avant le recours aux aéronefs, les patrouilles en traîneau sont le seul moyen dont dispose la GRC pour servir les collectivités isolées du Nord. La région est surveillée par des équipes de patrouille en traîneau et la Gendarmerie fait régner l'ordre dans les régions isolées du Grand Nord canadien. Les membres sont souvent les seuls employés du gouvernement dans la région et remplissent diverses tâches allant de l'application de la loi à la livraison du courrier. La dernière patrouille en traîneau est effectuée d'Old Crow (Yk) à Fort McPherson (T.N.-O), en mars 1969.

Gendarmes spéciaux de la GRC

La GRC embauche des Autochtones comme gendarmes spéciaux dès la Marche vers l'Ouest en 1874. Leurs principales fonctions consistent à agir comme guides et interprètes pour les membres qui ne connaissent pas la région. Leur rôle est particulièrement important lorsque la GRC étend sa présence dans l'Arctique en 1903. Les Inuits sont nombreux à être embauchés pour prêter main-forte dans les détachements locaux et ils sont essentiels au bon déroulement de bien des patrouilles en traîneau.

Présence canadienne dans l'Arctique

Deux Inuits, Sinnisiak et Uluksak, assassinent deux prêtres oblats en 1913. L'insp. LaNauze mène une enquête pour laquelle il lui faut voyager beaucoup en traîneau dans le Nord et il finit par traduire les deux hommes en justice à Edmonton en 1917. Il s'agit là de l'un des premiers exemples de l'application du droit criminel chez les Inuits.

Expédition de la goélette St-Roch de la GRC

Le St-Roch, goélette de la GRC, est mis à l'eau à Vancouver Nord en avril 1928. Conçu pour servir de bateau ravitailleur et de détachement flottant dans l'Arctique, il a une coque ronde lui permettant de passer l'hiver dans les eaux glacées du Nord. Le 23 juin 1940, le St-Roch quitte Vancouver, emprunte le passage du Nord-Ouest et arrive à Halifax le 11 octobre 1942. Il devient le deuxième navire après le Gjoa de Roald Amundsen (1903) à traverser le passage du Nord-Ouest, mais le premier navire à avoir fait la traversée d'ouest en est.

Pour rentrer à Vancouver, le St-Roch emprunte un trajet plus au nord et franchit les détroits de Lancaster et de Barrows. Il ne met que 86 jours (du 22 juillet au 16 octobre 1944) à arriver à bon port. Il devient ainsi le premier navire à avoir traversé le passage du Nord-Ouest dans les deux directions. Le St-Roch passe à l'histoire une dernière fois en 1950 : sa traversée du canal de Panama fait de lui le premier navire à avoir fait le tour du continent nord-américain. Sa vie maritime prend fin en 1954 et il est maintenant la principale attraction au Vancouver Maritime Museum.

Service de l'air

À l'été 1933, le commissaire James Howden MacBrien inspecte les postes de la GRC dans le Nord. Il voyage à bord d'un appareil Fairchild 71 de l'Aviation royale canadienne et peut ainsi couvrir les 11 000 milles qu'il aurait mis des mois à parcourir en ayant recours à d'autres moyens de transport. En plus de moderniser d'autres aspects de la GRC, MacBrien crée une Section de l'air en 1937. Essentiels au travail de la police dans le Nord, les aéronefs permettent de servir les collectivités isolées et de fournir des approvisionnements d'urgence et une aide médicale.

La Gendarmerie aujourd'hui

Il y a actuellement trois divisions dans le Nord canadien : la Division M (Yukon), la Division V (Nunavut) et la Division G (Territoires du Nord-Ouest). Ces trois divisions comptent 59 détachements de la GRC qui servent un vaste territoire peu peuplé. De plus, 11 détachements dans la Division G se situent dans des localités isolées accessibles uniquement par avion.

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